Paroisse St Pierre en Pays Roussillonnais diocèse de GRENOBLE VIENNE (38)

COVID-19 – Historique des homélies et méditations à partir de La Toussaint 2020

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Toussaint 2020

Thierry MERLE (Diacre)

Frères et sœurs, la fête de la Toussaint nous renvoie à ceux qui nous ont précédés et que nous avons aimés. Cette fête vient en effet raviver nos racines, car nous sommes enracinés, dans la vie, dans l’amour et dans le labeur de tous ceux qui nous ont précédés. Ce recueillement et ce retour à nos racines, nous oblige immanquablement à nous poser la question du sens de notre vie : où allons-nous, vers quoi allons-nous, et vers qui allons-nous. C’est une question qui se pose à tout le genre humain. Même le pire des athées se la pose. Cette question à elle seule permet de définir l'homme…

Et c'est la Parole de Dieu, et j'oserai dire elle seule, qui nous aide à avancer dans les réponses. Mais curieusement, les lectures de ce jour ne nous parlent pas de mort et ne mentionne pas les défunts. Elle nous parle au contraire de vie, de joie et de bonheur pour nous aider à répondre à nos questions. Elle veut aussi nous indiquer à quel avenir nous sommes invités, et quels chemins il nous faut prendre pour y parvenir.

« Heureux les pauvres de cœur ! » Ne nous y trompons pas. Cette pauvreté dont parle Jésus n'est pas la misère. La misère est toujours un fléau contre lequel il nous faut lutter en lien avec les organismes de solidarité. Le bonheur des pauvres de cœur dont parle Jésus, c'est tout autre chose, et il ne concerne pas que la vie future ; il est surtout pour la vie présente : Jésus promet le bonheur immédiat à ceux qui ne sont pas pleins d'eux-mêmes, mais qui ont de la place pour autre chose, qu'à l'église on nomme « l'essentiel » et que dans la société civile on nomme solidarité ou fraternité. Quelle place faisons-nous pour cet essentiel ?

Et qui nous montre l'essentiel, sinon le Christ ? Alors c'est vrai que l'on ne le voit jamais très précisément, et cela nous manque à tous. Pourtant, le Christ, nous le voyons, voilé certes, dans l'hostie qui nous est donnée ; nous le voyons, voilé certes, sous la Parole que nous avons entendue de nos oreilles ; nous le voyons, voilé certes, dans l'attitude de telle personne qui crie sa demande dans une prière …

« Heureux les artisans de paix, il seront appelés fils de Dieu ». Voilà un message brûlant d'actualité. Ne connaissons-nous pas aujourd'hui une grande épreuve un peu comme celle dont parle le livre de l'Apocalypse ? Notre vie est à présent confrontée aux divisions, à la haine -un mot prononcé tous les jours maintenant par les médias-, aux oppositions, et à la violence aveugle.   Comment ne pas être ici possédés par cette actualité qui vient heurter nos principes, et raviver les craintes d'un avenir difficile, et pire même, pour certains, un avenir bouché.

Cette pandémie, dont nous ne voyons pas comment nous en défaire, qui répand partout dans le monde le spectre de la mort, et puis les attentats, hier ce prêtre blessé, il y a 10 jours, ce professeur décapité qui travaillait pour l'éducation des jeunes, et jeudi, le massacre de ces personnes qui ne faisaient rien d'autre que prier dans leur église. Elles priaient ce Dieu de Jésus Christ, probablement avec toute la force de leur être ; et malheureusement elles n'ont pas eu le temps de dire à Dieu tout ce qu'elles auraient voulu lui dire…  Alors, que pouvons faire de mieux pour elles, sinon de  terminer leur prière…

Thierry Merle diacre  01 11 2020

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HOMELIE DU 32e DIMANCHE DU T.O. / ANNEE A

Père Basile

Père Basile

Le thème des lectures de ce trente-deuxième dimanche est celui des aguets, de l'attente du Seigneur. L'évangile nous parle de la condition dans laquelle nous devons nous trouver pour entrer, avec Jésus, dans la gloire céleste. Il répond à la question de savoir comment nous devons nous préparer pour que la fin de notre vie et l'avènement du retour du Christ ne nous surprennent pas comme un voleur.

Mais nous avons d'abord la seconde lecture, qui nous parle des défunts. Elle cadre bien avec cette période de l'année au cours de laquelle nous pensons spécialement à ceux qui nous ont précédés dans la mort – il était prévu de faire, ce dimanche, des messes à l'intention de tous les défunts de nos deux paroisses depuis la Toussaint 2019. Ne les oublions pas !

C'est un message d'espérance que saint Paul livrait aux chrétiens de la ville de Thessalonique et qu'il nous livre aujourd'hui. Les Thessaloniciens croyaient déjà en Jésus, mais devant la mort, ils éprouvaient un chagrin que l'espérance de la résurrection ne parvenait pas à dissiper. Comme nous encore aujourd'hui, ils se demandaient : où vont nos morts ? Continuent-ils à vivre sous une autre forme ou bien ils sont partis pour toujours ? Saint Paul leur répond et nous répond en nous éclairant sur ce qui se passe après la mort. Parce qu'il a ressuscité Jésus, nous enseigne-t-il, Dieu ne peut pas abandonner à la mort ceux et celles pour qui son Fils a donné sa vie ; il les réunira à Lui ; ils vivront dans sa communion ; nous serons toujours avec Lui… Nous avons bien là un message d'espérance.

Mais l'évangile nous montre que, si la vie qui nous vient de Dieu est un don gratuit, nous devons nous ouvrir à ce don, nous préparer à l'accueillir pour ne pas en être privés. Dans notre parabole, « l'époux qui se fait attendre mais qui finit par venir, c'est le Christ. Son retour n'est inscrit dans aucun calendrier. Chacun se doit d'être prêt pour le grand jour, sous peine d'exclusion ». Et les 10 jeunes filles qui attendent, c'est nous. Or, comme dit le texte de la parabole, 5 d'entre elles sont prévoyantes et les 5 autres ne le sont pas. Et moi ? De quel groupe suis-je ? De celui des prévoyantes ou de celui des non prévoyantes ? Et c'est quoi, être « prévoyant » ? Le texte nous dit que « c'est être vigilant et guetter le retour du Christ sans connaître le jour ni l'heure de son arrivée ». Quand Jésus nous demande de veiller, il nous invite à nous préparer à sa rencontre, ou, selon la 1ère lecture, à passer nos veilles à chercher la sagesse.

La certitude du retour du Christ qui reviendra en gloire nous engage dans une recherche de la sagesse qui n'est autre que la fidélité constante à la mission que le Seigneur donne à son Eglise et à chacun de ses membres, ici et maintenant. L'huile qui ne doit pas manquer dans nos lampes, c'est la Parole de Dieu et les sacrements qui nourrissent notre vie, en particulier l'Eucharistie. En ce temps de confinement, celle-ci va certes nous manquer, mais, à part l'écoute de la Parole, nous avons la recherche et la mise en œuvre de la volonté de Dieu, et la charité fraternelle comme moyens efficaces de communier au Christ vivant, pour nous aider à garder notre lampe allumée. Cette lampe, c'est la foi, qui « doit toujours être animée d'une flamme chaude et continue car la torpeur risque de nous faire rater le rendez-vous décisif avec le Seigneur. Il ne suffit pas d'être ‘tout feu tout flamme', il faut encore que cet enthousiasme perdure. Jésus nous appelle à ne pas nous assoupir, à rester vigilants et lucides […]. À quoi ressemble en ce moment notre ‘provision d'huile' ? »

Sommes-nous prêts pour la Rencontre ?

Père Basile  08 11 2020

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DIMANCHE 15 NOVEMBRE 2020. 33ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Proverbes (31, 10-13. 19-20. 30-31) ; Psaume 127 (128) ; Thessaloniciens (5, 1-6) ;

Matthieu (25, 14-30)

 La fidélité : manifestation de la vigilance active dans le temps présent

Père Davy

Père Davy

Les textes de ce dimanche, l'ultime de l'année liturgique avant la Solennité du Christ Roi de l'Univers, nous convoquent à une interrogation sur l'exigence d'être chrétien au cœur de ce monde qui passe.

Chacun et chacune, comme ses serviteurs à qui cet homme qui part en voyage remet des talents, reçoit ainsi de Dieu, notre Père, les dons de sa grâce : des talents à faire fructifier, des richesses de ses bénédictions pour rendre le monde meilleur.

Alors, comment aujourd'hui, moi, dans ma situation et dans le contexte réel de cette époque, je vis la gestion des biens confiés et exerce la part de mes responsabilités accordées ? De quelle manière, dans ma vie comme dans mes engagements, je témoigne des qualités que Dieu m'a doté ? Suis-je prompt, en ces temps troublés et criblés de crises, à rendre compte sinon raison de notre espérance ?

La femme vaillante, précieuse plus que les perles et dont ses œuvres disent sa louange, en est la puissante mobilisation pour travailler à nos responsabilités. Elle en est la parfaite métaphore, l'image ressource pour vivre et agir selon Dieu. (cf. Première lecture)

L'administration de nos jours, tout comme la gestion de notre vie sont à conduire dans la clairvoyance et la sagesse reconnues aux fils de la lumière, les fils du jour qui n'appartiennent pas à la nuit et aux ténèbres. Toujours vigilants et toujours prêts pour la venue du Seigneur afin de répondre de ses actes, sans ombre ni trouble au visage. (cf. Deuxième lecture)

Nous avons tous à rendre compte au Seigneur, Maître des temps et de l'histoire. A lui, toute vie doit se tourner pour témoigner du fruit de son travail

« Très bien, serviteur bon et fidèle,… » (cf. Evangile). Toi mon frère, toi ma sœur, vas-tu t'entendre dire cette parole pleine de reconnaissance ? Serais-tu celui-là à qui le Maître fait résonner la joie de son cœur ? Avec quelles dispositions reçois-tu cette Bonne Nouvelle : Très bien, serviteur bon et fidèle ?

En ces jours de confinement, jours où l'expression de notre liberté est mise à dure épreuve pour des raisons que personne n'ignore, de quelle manière je demeure fidèle aux engagements de mon baptême ?

La vie aujourd'hui sollicite notre capacité de résistance et notre qualité d'alerte. Le moindre relâchement se révèle régressif. La moindre peur-panique ébranle et désoriente. Au point de se placer dans une sorte d'acédie (état spirituel de mélancolie dû à l'indifférence, au découragement ou au dégoût). N'est-ce-pas dans le temps que se décide son éternité ? Réveilles-toi, toi qui dors ! Vis et engages-toi ! Sois consolé des consolations du Seigneur. Ainsi ces paroles du Psalmiste trouveront sens dans ta vie :

« Heureux qui craint le Seigneur et marche selon ses voies !…Heureux es-tu !    A toi le bonheur !que le Seigneur te bénisse ! »

Père Davy

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HOMELIE du 22 Novembre 2020

Le Christ Roi de l'univers année A

Ez. 34 ,  1 Co 15, Mat 25, 31.46

Bernard BUISSON – Diacre

La fête du Christ Roi a été instaurée en 1925 par le Pape Pie XI pour contrecarrer le laïcisme ambiant qui avait conduit au début du XIXème siècle à la suppression des états pontificaux. (Congrès de Vienne)

L'Eglise a créé cette fête pour annoncer un Christ roi d'une société humaine égale en droits sociaux, en justice, et combattre les totalitarismes en Europe, qui allaient conduire aux agissements que l'on sait : la guerre, la Shoah.

Fêter le Christ Roi de l'Univers est à la foi un pléonasme et une incongruité.

Un pléonasme, parce que dans la tradition juive : « Le Christ est celui qui a reçu l'onction de Dieu, et il est le chef du peuple » donc le roi ou encore le Berger.

Une incongruité, parce qu'il n'est pas imaginable qu'on puisse réduire Dieu à nos contingences humaines, fussent-elles de le mettre à la première place. Dieu est le Tout–Autre, l'indéfinissable.

Une incongruité de vouloir donner au fils de Dieu une autorité temporelle, alors que toute sa vie humaine a été marquée par son humilité et son service des plus pauvres.

Il est né dans une étable, il a travaillé de ses mains, vécu avec les pauvres, prêché l'amour de ses ennemis, le pardon, le partage, et il est mort sur une croix comme un brigand.

Bien entendu la liturgie s'appuie sur l'Evangile et sur lui seul pour célébrer cette fête. Et si le titre de roi est donné au Christ Jésus c'est plus par analogie avec le berger qui donne sa vie pour ses brebis, que pour marquer une domination. « Lui qui était de condition divine, s'est fait le serviteur de tous » (Ph 2)

La liturgie de cette année A nous offre le chapitre 25 de l'Evangile de Matthieu qu'on appelle aussi du Jugement dernier.

Matthieu nous parle d'un roi qui, comme le berger sépare les brebis des chèvres le soir venu au retour des troupeaux.

Mais il n'y a pas d'ambigüité. Dès le début du chapitre nous sommes fixés : « Quand le fils de l'homme viendra dans sa gloire, Il siègera sur son trône de gloire, toutes les nations seront réunies ; il séparera les hommes les uns des autres comme le berger sépare les brebis des boucs. » 

Le roi de la parabole est donc Dieu, le juge universel qui interviendra à la fin des temps. Car il y aura bien un jugement. Mais y aura-t-il une condamnation ? Notre foi en la miséricorde divine nous fait espérer que non. Car personne n'est tout bon ni tout mauvais et le feu éternel ne peut pas détruire ce qui constitue la partie vertueuse d'une créature du Père.

A la requête d'Abraham pour sauver Sodome, « Le seigneur dit : Si je trouve dix justes dans la ville de Sodome, je ne la détruirai pas à cause de ces dix » (genèse 18-32)

Ainsi, ce roi (Dieu) sépare les hommes les uns des autres, et place à sa droite les élus « Venez les bénis de mon Père… »

« Car vous m'avez donné à manger, donné à boire, vous m'avez accueilli, vous m'avez habillé, vous m'avez visité….etc »

Rien d'extraordinaire, rien qui soit hors de notre portée, rien que nous n'accomplissions déjà, à notre insu même. !

A tel point, que comme les justes, étonnés de la réponse de Jésus nous pouvons lui poser la question : « Quand est ce que nous t'avons vu ? Quand sommes-nous venus jusqu'à toi ? »

La réponse surprend : « Chaque fois que vous l'avez fait à un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait »

Elle nous étonne aussi, et elle nous chagrine. Comment se fait-il que nous n'ayons jamais vu le Christ dans le visage d'un frère ?… Notre égocentrisme sans doute ?

Mais nous pouvons nous consoler, parce que l'essentiel a été fait. Au nom de notre humanisme, certes, mais n'est-ce-pas aussi l'humanité du Christ ?

Car ceux qui, sciemment, ne l'ont pas fait, seront jugés sévèrement, maudits et jetés dans le feu éternel. Certes, le trait est forcé, car nous ne pouvons pas imaginer que Dieu puisse condamner, sans rémission, ses propres enfants.

Dans son livre « La peste » Camus fait dire par le docteur Rieux au Père Paneloux : « Je me fais une autre idée de l'amour d'un Dieu créateur d'un monde où meurent des enfants »

Eh bien moi, je me fais une autre idée du Dieu dont la miséricorde dépasse toutes nos défaillances !  « Là où le péché abonde, la grâce surabonde. » (Romains 5,20)

Dimanche prochain, nous entrons dans le temps de l'Avent, la préparation à la naissance de Dieu chez les Hommes, et aussi, le temps où le Christ reviendra dans sa gloire. Le temps du Jugement dernier ou Dieu(Roi) fera toute chose nouvelle.

 « Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis le commencement du monde. »

                                                        Amen

Bernard Buisson, diacre