23ème dimanche de l'Année A

Thierry MERLE (Diacre)
Voici frères et soeurs un ensemble de lectures qui viennent à point nommé pour fortifier notre foi.
Certes, le rappel de la Loi par St Paul, celle des 10 commandements, fait un peu la morale, à une époque où ce terme n'est pas forcément très apprécié. On lui préfère souvent le terme d'éthique. Mais quelques soient les mots employés pour caractériser ces 10 commandements, le fond et la signification sont bien là. Et personne ne peut, en conscience, trouver l'un de ces 10 commandements injustes ou critiquables. Mieux, partout dans le monde où le Christ a été annoncé, les gouvernements successifs d'où qu'ils soient, ont, dans leur pays, adopté une constitution qui recycle plus où moins les tables de la Loi. Une étude rapide des lois adoptées dans les différents pays du monde montre, tel un buvard, le poids des mots qui ont été dictés à Moïse. Pourtant, même si nous connaissons bien ces 10 commandements (tu ne commettras pas d'adultère, tu ne tueras pas, tu honoreras ton père et ta mère…), nous avons tendance à oublier l'introduction qui lui est liée « Je suis ton Dieu qui t'a donné la liberté ! » Certes, cela fait référence à la sortie d'Egypte, mais cela s'adresse à tout homme : je t'ai donné la liberté ! A toi, avec ta conscience, d'appliquer ou non ces commandements.Toute la foi tient de ce mot de liberté, où intérieurement, il n'y a que le coeur qui parle, et personne d'autre, si ce n'est celui qui est tout Autre.
Alors, pour n'avoir de dette envers personne comme nous le dit St Paul, il faut nous reconnaitre pécheurs. Non pas nous lamenter constamment sur ce que nous sommes, mais humblement, reconnaitre notre insuffisance de bien des instants. C'est pour cette raison qu'à chaque messe, nous sommes invités à reconnaître devant le Seigneur que nous sommes pécheurs. Nous le disons avec des mots et des gestes : « Prends pitié de nous, Seigneur ». Nous ne disons pas : « prends pitié de celui qui est à côté de moi parce qu'il est pécheur » mais « prends pitié de moi ». Là nous sommes dans la Vérité, là nous avons besoin du pardon du Seigneur. Humblement.
Et la Vérité, il est bien difficile de la reconnaitre seuls. La foi se transmet, la foi se partage, la foi se vit, au contact de l'autre. « Là où deux ou trois sont réunis », là où ensemble on essaye de dépasser notre personne, notre petitesse, c'est là où nous trouvons notre grandeur. « Puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité » vais-je dire lorsque je verserai un peu d'eau dans le calice ; être unis à la divinité pour prendre modèle s'il était possible à celui qui a tout donné pour nous. A nous, à notre tour, de tout donner ! Il y a tant à faire aujourd'hui !
Frères et soeurs, l'occident est devenu chrétien quand dans le monde de brutes des premiers siècles, ceux qui croyaient au Christ et en son nom, ont pansé les blessures de la société de leur époque. Sommes-nous partants pour faire de même, alors que dans bien des domaines à commencer par le domaine social et familial, nous n'avons rien à envier des difficultés des premiers siècles de notre ère.
Ayons courage, et si vous trouvez votre fardeau déjà lourd, n'hésitez pas : jetez en Dieu tous vos soucis, il prendra soin de vous…
Thierry Merle diacre
HOMELIE DU 24e DIMANCHE DU T.O. / ANNEE A

Père Basile
La liturgie de ce dimanche nous propose un enseignement sur le pardon.
Le pardon occupe une place importante dans notre vie, car nous sommes tous pécheurs, imparfaits ; nous offensons Dieu et nous nous offensons les uns les autres. Sans pardon, nos groupes et nos communautés sont voués à la destruction.
L'appel à pardonner qui nous est adressé s'enracine dans la miséricorde du Seigneur. Nous avons besoin du pardon de Dieu, mais comment pourrait-il nous pardonner si nous-mêmes nous ne pardonnons pas aux autres, si nous n'entrons pas dans la dynamique du pardon de Dieu?
Déjà l'Ancien Testament montrait le rapport qui existe entre le pardon reçu de Dieu et celui que nous devons accorder à nos frères. Le passage du Siracide lu aujourd'hui montre qu'il est impossible et incohérent de demander le pardon de Dieu et de refuser dans le même temps de pardonner à nos frères : « Si un homme n'a pas de pitié pour un autre homme, son semblable, comment peut-il supplier pour ses propres fautes ? », demande-t-il.
Dans l'Evangile, Pierre demande : « Quand mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu'à sept fois ? ». Jusqu'où faut-il en fait tolérer le mal que fait l'autre ? La question de Pierre appartient à tout homme, à chaque communauté vivant des conflits. Jésus répond à cette question à l'aide de la parabole du débiteur impitoyable que nous connaissons déjà très bien et qu'il conclut comme suit : « C'est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur ». Ce qui fait parfaitement écho à la première lecture où le sage écrit : « Pardonne à ton prochain le tort qu'il t'a fait ; alors, à ta prière, tes péchés seront remis ».
L'enseignement à tirer de la parabole de ce dimanche est peut-être surprenant, mais il est clair. Si la dureté du serviteur de cette parabole est insupportable, elle exprime une mise en garde pour les pécheurs pardonnés que nous sommes. Nous sommes tous dépendants de la miséricorde de Dieu ; la grâce du pardon que Dieu nous fait doit pouvoir nous rendre capables de miséricorde à l'égard des autres. Mais est-ce possible de tout pardonner ? Direz-vous. Des crimes abominables, par exemple ? Pourra-t-on fermer les yeux sur des injustices les plus flagrantes ? Est-ce possible d'oublier sans peine une blessure profonde causée par un proche ?
C'est difficile, mais sachons que ce que Jésus prône, c'est une voie radicale qui nous libère : le pardon ! « Pardonner, c'est avoir de l'indulgence envers le fautif. Une attitude noble traduisant la capacité du cœur à renoncer à tirer vengeance d'une offense et à privilégier l'amour sur la revanche. C'est une victoire sur la haine qui nous empoisonne la vie. Le pardon généreux demande courage et volonté mais délivre l'esprit des rancœurs qui le gangrènent […]. Le pardon défait les cercles vicieux des représailles sans fin et nous ouvre à l'amour. Il soulage le cœur blessé et baigne l'âme dans l'harmonie avec les proches. Il métamorphose nos relations et transforme notre vie ».
Que faire alors ? Il faut accueillir la responsabilité du pardon. Il s'agit de «par-donner», de «donner au-dessus de» … pour rejoindre Dieu lui-même dans son amour, comme nous le disons en récitant la prière des chrétiens : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés ».
Père Basile 13 09 2020
25 ème Dimanche Temps Ordinaire, année A
Cherchez le SEIGNEUR tant qu’il se laisse trouver. Invoquez-le tant qu’il est proche. Y aurait-il donc des moments où on ne peut le trouver ?
Non. La traduction exacte signifie autant qu'il se laisse trouver, puisqu'il se laisse trouver, c'est-à-dire tout le temps, car Dieu ne cesse de se donner à nous, mais encore faut-il que nous sachions le voir là où il se tient dans le quotidien de notre vie.
Dieu n'est pas dans l'ouragan, la tempête ou le tremblement de terre, il est dans la brise légère.
Il est à nos côtés dans tous nos actes d'amour, quand nous marchons vers la liberté, la vérité, la justice, ce que nous venons de chanter en entrant dans cette eucharistie :
« Dieu qui nous appelles à vivre Aux combats de la liberté…
Dieu qui nous apprends à vivre Aux chemins de la vérité…
Fais jaillir en nous l'Esprit. »
Dieu se révèle à nous en nous envoyant son Esprit qui nous permet par ses dons de comprendre la Parole, qui nous permet d'avancer avec discernement et intelligence sur le chemin de la vie, qui nous donne la force d'aimer.
C'est cela l'Amour de Dieu, c'est en cela que Dieu est bon. Il fait grâce à chacun de la totalité de son amour.
Il n'est pas toujours évident de comprendre cette bonté de Dieu dans tous ses dons, sa vérité et sa justice qui transcendent nos pauvres critères arbitraires.
L’important pour chacun de nous, c’est de reconnaître Dieu comme celui qui nous aime en premier et de nous défaire de nos propres pensées pleines d’égoïsme, de jalousie ou d’ambition. Quand la logique de Dieu est trop différente de la nôtre, la tentation qui nous prend est de contester.
Le peuple Hébreu récrimine contre le Dieu de Moïse, parce qu'il se croit abandonné par Dieu dans le désert ; le fils aîné de la parabole des deux fils est jaloux parce que le père donne le même amour à son frère, ce fils perdu qui a dilapidé tout ses biens ; les ouvriers de la première heure “récriminent” contre le maître de la vigne parce qu'ils s'estiment traités injustement, ils sont enfermés dans l'attitude légaliste des pharisiens, fondée sur la notion de mérite.
Encore une fois, à travers la parabole que nous venons d'entendre, Jésus va nous entraîner dans une autre logique, celle du Père.
« Le royaume des Cieux est comparable au maître d'un domaine qui sortit dès le matin afin d'embaucher des ouvriers pour sa vigne. »
Jésus annonce dès le départ qu'il est question du Royaume auquel Dieu ne cesse de nous inviter et bien sûr l'analogie entre Dieu et le maître de la vigne se comprend aisément.
La vigne a une signification profonde dans toute la Bible. Elle est le symbole de l'Alliance entre Dieu et son peuple dans l'Ancien Testament et pour le Christ la vigne est le signe de la nouvelle alliance, le Royaume de Dieu.
« Allez à ma vigne » ne signifie pas tant venez travailler pour le Royaume, cela veut dire :
« Entrez dans l'Alliance »,
Venez partager l'Alliance avec moi, entrez dans le Royaume de mon Père, venez vivre de son Amour.
Les ouvriers envoyés à la vigne, c'est nous tous. Car le Christ n'a pas d'autres mains que les nôtres pour transformer le monde, pour bâtir le Royaume de Dieu. Les mains du Christ, le regard du Christ, la tendresse du Christ doivent désormais passer par nos mains, nos yeux et notre cœur. Nourrir ceux qui ont faim, vêtir ceux qui sont nus, soigner, visiter, accueillir, pardonner, en un mot aimer, autant de gestes concrets qui vont signifier pour nous une réponse vraie au maître de la vigne qui nous embauche.
C'est le message que le Christ est venu annoncer à toute l'humanité, avoir part à l'Amour éternel du Père en entrant dans son Royaume dont il nous ouvre dès maintenant les portes par sa résurrection, victoire sur la mort et le péché.
Le maître de la vigne n'attend pas les ouvriers, il va les chercher. “Il sort” du petit matin jusqu'à la fin de la journée. Il va chercher tout le monde, même ceux qui n'ont pas encore entendu parler de lui.
Nous découvrons le visage de Dieu qui nous cherche inlassablement. Il n'est jamais trop tard pour venir à lui. Il nous appelle, nous embauche et nous envoie à tout moment.
Dans le contrat fait avec chacun de ceux qu'il embauche, à chaque heure de la journée il promet de donner ce qui est juste.
Et ce qu'il donne, ce que Dieu nous donne, ce n'est pas un salaire proportionnel au temps de travail, non, c'est la totalité de son amour, à chacun d'entre nous.
Quelque soit le moment de notre vie où nous le rencontrons, où nous nous convertissons en son Amour avec foi et vérité.
La preuve que cela est possible à tout moment, même à l'extrémité de notre vie se trouve dans la Parole de Jésus sur la croix, s'adressant au bon larron. « Ce soir tu seras avec moi au Paradis »
Il est bien le dernier des derniers ce criminel condamné lui aussi à mourir sur une croix.
Et c'est à l'ultime minute que cet ouvrier de la dernière heure va se convertir sous le regard du Christ en croix. Ce dernier deviendra le premier à entrer avec Jésus dans le paradis. Il reçoit tout de Dieu : partager pour l'éternité son Amour infini.
Dieu est bon, infiniment bon, d'une bonté qui ne fait pas de comptes. Cela veut dire que sa bonté surpasse tout, y compris le fait que nous ne la méritons pas, c'est une grâce donnée gratuitement ; cela veut dire qu'il faut que nous abandonnions une fois pour toutes notre logique de comptables : dans le Royaume des cieux, il n'y a pas de machine à calculer les mérites en les additionnant…
La seule question que Dieu nous posera au soir de notre vie est : Comment as-tu aimé ?
Alors que nous soyons un ouvrier de la première ou de la onzième heure, à nous de savoir entendre cet appel à aimer, la vocation de notre vie de chrétien et de répondre avec force et promptitude en aimant Dieu et nos frères.
Cherchez le SEIGNEUR autant qu’il se laisse trouver. Invoquez-le autant qu’il est proche.
Père Jean Hugues Malraison 20 09 2020
DIMANCHE 27 SEPTEMBRE 2020. 26ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE « A »
Ézékiel (18, 25-28). Psaume 24 (25). Philippiens (2, 1-11). Matthieu (21, 28-32)
Méditation
«…les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu… »
Voilà qui choque, étonne et provoque. Une déclaration qui bien interroge et questionne. Jésus, ici, veut nous faire réagir au point de nous pousser à penser et à repenser notre conduite de baptisés pour témoigner dans le monde de ce temps. Au lieu donc de nous enfermer dans des considérations sans suite, ouvrons plutôt notre esprit de manière à accueillir cette déclaration comme une incitation à se convertir. C'est-à-dire à se tourner vers Dieu, de cœur et d'âme. Pour mener une vie accordée à son appel et à la grâce de sa Parole.
A travers « un homme qui avait deux fils » Jésus nous révèle le cœur miséricordieux de Dieu qui chaque fois montre aux pécheurs le chemin et enseigne aux humbles les voix de son salut. L'image de cette histoire est saisissante. Comme les deux fils, ainsi est le cœur de tout humain qui vacille entre « le dire » et « le faire » et ballote entre « obéir pour faire » et « désobéir pour dire seulement ». La vraie obéissance est une vie et non un code.
La liturgie de ce 26ème dimanche est au fond un appel réel à écouter la voix du Seigneur. Une écoute qui implique un profond changement de vie. C'est alors pour vivre cette exigence, Ezékiel nous ouvre les yeux afin de mieux orienter notre existence selon le bon droit et la justice. Paul, lui, nous donne en exemple le Christ qui s'est abaissé, dépouillé devenant obéissant jusqu'à mourir. Par Lui notre humanité s'éclaire. En Lui elle retrouve les dispositions qui sont celles de l'Esprit. Avec Lui elle chemine vers la grâce de la conversion, ce beau miracle du cœur.
Que chacun de nous trouve dans cette Parole des vivres dont son cœur a besoin pour avancer.
Pour aller plus loin et laisser cette Parole nous accompagner, voici quelques points qui peuvent nous aider à mieux méditer et nourrir notre esprit :
Comment vivre la conversion au jour le jour ? De quelle manière, dans la situation actuelle de crise sanitaire, se préoccuper à lire les signes de Dieu et y répondre par une vie ajustée à sa volonté ? Comment témoigner de l'irruption de Dieu dans notre histoire de façon à être l'actualité fidèle de son appel à la conversion ?
Père Davy
HOMELIE DU 28ème dimanche du temps ordinaire A
11 Octobre 2020
Isaïe (25,6.10) PS 22 Ph.( 4,12-14.19-20) Mt (22,1-14)
C'est le quatrième dimanche consécutif, la liturgie nous propose des paraboles de Matthieu.
Que ce soit celle des ouvriers de la dernière heure, celle des deux fils,

Bernard BUISSON – Diacre
celle des vignerons homicides, ou aujourd'hui celle des invités au festin des noces, toutes concernent le Royaume de Dieu qui est offert à tous ceux qui font la volonté du Père.
Royaume qui ne figure sur aucun atlas, mais qui est déjà là parce qu'il est dans nos cœurs.
On y voit le peuple élu, Israël, se détourner de la promesse et s'intéresser à ses propres affaires
Mais Dieu est obstiné, Dieu est patient. Il ne se lasse pas d'inviter, il ne se lasse pas de faire confiance.
Dimanche dernier, les vignerons à qui la vigne était confiée tuent les serviteurs venus se faire remettre le produit de la récolte. Ils tuèrent même le fils du propriétaire. Alors celui-ci leur retira la vigne pour la confier à d'autres. Ces autres, c'est le peuple de Dieu conduit par Jésus Christ ressuscité.
Aujourd'hui, toujours dans le même esprit du Royaume offert à tous, mais à construire par tous, Matthieu nous invite au repas de noces que donne un roi pour son fils.
Un repas c'est important, à fortiori pour une noce. Mais à l'époque du Christ, il l'était encore bien davantage puisque les noces, dit-on, duraient une semaine au moins.
Le Roi donc donne un banquet et envoie ses serviteurs avertir les invités. Mais à sa grande déception, certains refusent, préférant s'occuper de leurs affaires, allant même jusqu'à maltraiter voire tuer les serviteurs.
Alors le roi se fâche, punit les coupables et invite largement en dehors du cercle des habitués.
Essayons de voir ce que cela signifie pour nous.
Le projet de Dieu c'est de sauver tous les Hommes. C’est-à-dire les arracher à leur condition terrestre, périssable, pour les amener à la vie éternelle.
Il invite toute l'humanité, sans exclusion, sans condition .Dieu nous invite à ce grand banquet final dont parle Isaïe dans la première lecture. La mort sera détruite. « Il n'y aura plus ni deuil, ni larmes, ni douleur, mais la joie et la paix » (rituel)
Dieu invite à sa table, au banquet offert pour les noces éternelles de son fils Jésus-Christ.
Cependant, prenons garde. Invité ne signifie pas automatiquement élu, accepté. Il y a une condition : revêtir le vêtement de noce. C’est-à-dire pour nous, satisfaire aux promesses de notre baptême : Devenir prêtre, prophète, et roi. ( prier, annoncer, partager)
Le baptême, c'est notre vêtement de noce. Encore nous faut-il le vivre pour participer au repas.
« Maître que dois-je faire de bon pour gagner la vie éternelle ? » demande le jeune homme riche à Jésus ; et sa réponse : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même » (Luc 10,25)
Notre baptême seul ne nous confère aucun privilège. Le Royaume est à construire tous les jours, avec l'Eglise, car nous ne sommes pas seuls
Nous avons vu dimanche dernier, qu'après avoir confié sa vigne aux vignerons, le propriétaire est parti en voyage. Dieu nous fait confiance. Il nous a donné tous les moyens de vivre selon sa loi. Un de mes amis diacre aime à dire que « Dieu est un bon patron, il nous donne toujours les bons outils au bon moment. »
Libre à nous de les utiliser ou non.
C'est une lourde responsabilité qui nous est laissée. Dieu nous sait capable de l'assurer.
Peut-être faut-il voir dans le mauvais usage de cette liberté, une des causes du mal ?
Certes nous nous reconnaissons aussi bien dans ces invités qui se dérobent, que dans ces indélicats qui n'ont pas revêtu le vêtement de noce.
Mais nous avons plus confiance en la miséricorde de Dieu que dans notre force à résister au mal.
Pour ma part, à la suite de Maurice Zundel, je pense qu'il vaut mieux se tourner vers le Christ et sa lumière que se centrer sur soi-même. L'Eglise nous demande de croire en Dieu, pas au démon.
Si vous le permettez, au privilège de l'âge, je voudrais vous livrer quelques réflexions sur la situation actuelle qui entraîne l'acédie voire le doute alors que Dieu a mis dans notre cœur l'Espérance qui est le fruit de son amour.
Depuis toujours, le monde a connu des guerres, des épidémies, des catastrophes, des crises de toutes sortes y compris de la foi. Mais toujours, la Nature a montré sa capacité de résilience, et ce qui dans l'heure, paraissait irrémédiable, a repris son cours vers bien, vers mieux.
Car, la nature c'est l'œuvre de Dieu. Or Dieu n'abandonne ni ses créatures ni sa création.
Quant à l'Homme, douloureuse victime de ces crises, il sait que sa vie terrestre n'est que passage et qu'il n'est pas appelé seulement à la résilience mais à la résurrection. « Nous savons que lorsque paraîtra le fils de l'Homme, nous serons semblables à Lui puisque nous le verrons tel qu'i l est » (1Jean 3,2)
La période actuelle, comme celles des crises précédentes passera, comme toutes ont passées. «Le ciel et la terre passeront mais mes paroles ne passeront pas ».(Mt24, 35)
Les crises sont, pour l'humanité, les douleurs de l'enfantement qui annoncent le monde nouveau. Et pour nous croyants, la manifestation du Royaume qui avance vers la Lumière
« Lorsque le Christ aura réuni tout en tous » (col,3,11)
Le monde est en crise, l'Eglise est en crise. La crise n'est pas le signe de l'échec mais au contraire le signe de la transformation vers plus d'humanité.
Puissions-nous, appuyés sur le Christ, sur l ‘Eglise et sur notre baptême, vivre et communiquer cette Espérance, pour participer pleinement au banquet des noces éternelles de l'amour de Dieu pour les Hommes.
Amen
Bernard Buisson, diacre
Homélie du 29è dimanche du temps ordinaire, année A
Un chrétien peut-il appartenir à la société civile et obéir à ses lois tout en vivant pleinement sa foi ? Est-il de ce monde ? Est-il dans ce monde ?
C'est en fait la question sous-jacente dans le piège tendu à Jésus par les pharisiens et leurs partisans, replacée dans le contexte juif de l'époque.
Jérusalem est occupée par les romains dont César est l'empereur, vénéré comme un dieu tel Jupiter, et qui impose ses lois dans tous les territoires sur lesquels il règne.
Cette situation ne convient pas au peuple juif qui attend un libérateur, un messie envoyé par Dieu pour délivrer Jérusalem du joug de l'occupant romain et leur rendre ainsi cette terre sainte que Dieu leur a confié.
Et voilà que Jésus prétend être ce messie, lui qui est venu dans la pauvreté de la crèche, qui parcourt les villes et villages avec une bande de disciples qui n'a rien d'une armée conquérante et qui prêche un évangile d'Amour pour libérer le peuple de l'entrave du péché et de la mort.
Rien à voir avec le messie triomphant espéré et annoncé par les grands prêtres.
Exaspérés par l'aura de cet homme qui draine les foules, en particulier les plus petits, les estropiés de la vie et les pécheurs, les pharisiens vont tenter à plusieurs reprise de l'abattre, de l'accuser de blasphème pour le faire taire en le condamnant à mort.
Quand on n'a pas d'arguments solides pour combattre l'adversaire, on le discrédite aux yeux de tous.
C'est ainsi que les pharisiens vont agir, après avoir pris conseil entre eux.
Et bien sûr sans attaquer de front, mais en commençant par flatter, par endormir la vigilance de l'adversaire pour mieux le vaincre.
Notons au passage que ce qui se pratiquait ainsi au temps de Jésus est encore d'une brûlante actualité 2000 ans après ! (Cela d'ailleurs nous rappelle une fable apprise à l'école :
« Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau ! Sans mentir, si votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois, » où le renard utilise la flatterie pour obtenir le fromage tenu par le corbeau. )
« Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n'est pas selon l'apparence que tu considères les gens »
Quelle belle entrée en matière. En appelant Jésus Maître ils reconnaissent en lui celui qui parle avec autorité, pour le moins un grand religieux, voire un envoyé de Dieu, un prophète. Et ils reconnaissent la profondeur et la véracité de son enseignement. Ils poussent même l'ironie en lui disant qu'il ne se laisse influencer par personne, alors que c'est précisément ce qu'ils essayent de faire à son égard. Quels hypocrites.
« Est-il permis, oui ou non, de payer l'impôt à César, l'empereur ? »
Le piège est donc tendu et quelque soit sa réponse Jésus ne pourra pas s'en sortir.
– Soit il refuse et incite le peuple à ne pas payer l'impôt prélevé au profit de l'occupant romain et il se place ainsi en révolutionnaire, devenant alors un hors la loi que l'on pourra dénoncer aux autorités,
– soit il approuve et conseille de payer l'impôt et se discrédite aux yeux du peuple et devient pour eux un collaborateur, que les grands prêtres pourront condamner.
Une fois de plus Jésus va retourner la situation, avec la pièce à l'effigie de César.
Cet enseignement est pour nous totalement d'actualité et peut se comprendre en trois points.
1 – « Rendez à César ce qui est à César », y compris en payant l'impôt.
C'est tout simplement, admettre que nous vivons en ce monde temporel dans une société régie par des lois qui permettent de pouvoir vivre en bonne intelligence et reconnaître l'autorité qui gouverne notre pays (et en ce qui nous concerne que nous avons élue).
Le chrétien est donc un citoyen qui vit selon ces lois temporelles (ce qui ne l'empêche pas de s'offusquer et dénoncer publiquement celles qui sont contraires à sa foi.)
2 – Ne rendez à César que ce qui est à César. Cela n'est pas dit de façon directe par le Christ mais se trouve de façon implicite. En effet quand César, l'empereur, gouverne et perçoit l'impôt, il est dans son droit, mais quand il exige qu'on lui rende un culte en se prenant pour un dieu, il outrepasse ses droits et devoirs et il expose ainsi le peuple à l'idolâtrie. Là il ne faut pas transiger, Jésus rappellera souvent que nous n'avons qu'un seul Dieu et Père.
3 – « Rendez à Dieu ce qui est à Dieu ». La vraie question est là : le temporel ne doit pas occulter le spirituel. Le chrétien est aussi et avant tout « citoyen de Dieu » et doit vivre selon sa foi en rendant un culte à Dieu et en pratiquant sa loi d'Amour que Jésus est venu nous rappeler par sa Parole.
Alors ne nous laissons pas enfermer dans des questions d'avoir ou de pouvoir et leurs querelles. Mais suivons le plus grand des commandements enseigné par le Christ, aimer Dieu notre Père et aimer notre prochain.
Vivons dans cette société en chrétien responsable pour qui tout vient de Dieu et pour qui tout revient à Dieu en action de grâce.
Père Jean-Hugues Malraison 18 10 2020
30ème dimanche du Temps Ordinaire
« Le grand, le premier commandement »
Peuple de Dieu,
Qu’y a-t-il de plus essentiel, de plus désiré, de plus attendu dans le cœur de chaque homme que l’amour. L’amour en christianisme a pour nom charité et la charité est le résumé de tout l’évangile.
Déjà à travers l’Ancien Testament, Dieu se faisait proche de son peuple par son soutien incontournable manifesté à son égard. La Nouvelle Alliance ne fait qu’incarner cette promesse d’amour à l’image du Fils Jésus, Lui l’archétype de la réconciliation et de la miséricorde. Par amour pour nous, Dieu s’est révélé en Jésus incarné pour nous laisser percevoir son mode d’être. Pour Jésus, la première place revient à l’amour de Dieu mais ce dernier ne va pas à sens unique puisqu’il doit se manifester dans l’amour du prochain (Mt 22,36-40).
L’amour, paroxysme de la vie chrétienne
À la question du docteur de la loi : « quel est le plus grand commandement ?» (Mt 22, 36) Jésus répond : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ses deux commandements dépend toutes la Loi, ainsi que les Prophètes » (Mt 22, 37-40). Ainsi seul l’amour est source et principe de la morale chrétienne. La désignation adéquate du chrétien est : celui qui aime. Toutefois il arrive qu’on se pose la question de savoir qui entre le Christ et la Charité, est la source de la morale chrétienne. Faut-il les identifier, ou faut-il les distinguer, comme deux pôles qui équilibrent un univers ? Le tout est de savoir, que ces deux préceptes sont distincts par leur objet, mais n’en font qu’un dans leur inspiration. Que ce soit l’adoration de Dieu qui exige la fidélité à sa volonté ou la dilection fraternelle qui ordonne la vie au service du prochain, c’est un unique amour qui commande la conduite du disciple, l’emporte sur l’exercice du culte et assure la possession de la vie éternelle.
Le mystère de l’Eucharistie nous rassemble en un seul corps dans le Christ Jésus. A la lumière de saint Paul, la communion au Corps et au Sang du Christ, ne nous éloigne pas l’un de l’autre mais au contraire nous rapproche en formant une seule famille dans le Christ. Comme chrétien, notre union au Christ passe également par la relation à autrui, car c’est pour nous tous qu’Il s’est dépouillé. La relation fraternelle dans notre vie quotidienne semble l’une des caractéristiques de l’appartenance au Christ. Celui ou celle qui embrasse la vie du Christ est invité à s’ouvrir de plus en plus envers ses semblables en qui l’universalité de l’amour de Dieu est inscrite.
Jésus n’a-t-il pas dans ses messages et dans ses actes faire apparaître la figure du prochain que Lui a incarné ? La parabole du bon samaritain nous éclaire mieux. Elle nous montre que le prochain n’est pas uniquement les personnes de notre clan mais celui à qui je dois mon aide dans n’importe quelle circonstance et à travers un lieu donné. C’est en apportant une réponse directe aux besoins des autres et en s’aidant mutuellement que cet exercice se concrétise.
Aimer le Christ ne se vit pas uniquement de façon verticale mais cela doit se traduire dans nos actes quotidiens, en développant notre capacité d’atteindre l’autre dans sa souffrance et l’aider à se reconstruire. Pour y arriver, cela requiert de chacun une attention particulière à l’égard de nos frères et sœurs.
D’autre part, en restant à la suite de Jean nous pouvons nous demander comment l’amour est-il possible ? Puisque Dieu est invisible. S’il est vrai qu’Il échappe à nos yeux, par quels moyens pouvons-nous manifester notre amour et notre attachement à Lui. La première lettre de Jean semble trouver une bonne formule pour nous éclairer sur ce sujet en nous disant : « En effet celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas » (Un 4,20). Pour le disciple bien aimé, l’amour divin est intimement lié à l’amour du prochain. Autrement dit, c’est dans l’autre que je découvre le vrai visage de Dieu, car il continue encore de se révéler à nous. L’Amour de Dieu ne resplendira pas si chacun de nous se contente de son petit projet personnel jusqu’à exclure l’autre. Nous ne pouvons pas aimer Dieu et oublier les soucis de nos frères et sœurs qui peinent à se reconstruire. L’amour vrai se traduit dans nos actes de tous les jours, il se manifeste dans l’entraide, le partage et la communion fraternelle.
À la suite du Christ le disciple est appelé à vivre dans l’amour, et de Dieu et du prochain, dans le sens où cet amour s’est incarné et est le fondement de la relation de l’homme avec Dieu et de l’homme avec l’autre, ainsi sans lui l’homme ne peut vivre. C’est en cela que Saint Paul dit dans son hymne à l’amour ce qui suit : «j’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. (…) Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité » (1Co 13, 1-13).
Père Thomas MESIDOR +