Homélie pour le 1er dimanche de l’Avent C
Aujourd’hui, nous entrons dans le temps de l’Avent, cette période de préparation qui nous conduit à Noël, la fête de l’Incarnation. L’Avent est un temps d’attente, mais pas une attente passive. C’est une attente active, un moment où nous sommes invités à veiller et à nous préparer à rencontrer le Seigneur, non seulement à Noël, mais aussi à la fin des temps et dans notre quotidien.
1. L’Avent : un temps d’espérance
Dans la première lecture, le prophète Jérémie annonce une promesse : celle d’un « germe juste » qui surgira pour rétablir la justice et la paix. Cette prophétie prend tout son sens dans le contexte de l'Avent. Elle nous rappelle que Dieu est fidèle et qu'il accomplit toujours ses promesses, même si parfois l'attente semble longue.
L'espérance est au cœur de l'Avent. Cette espérance n’est pas une simple illusion ou un optimisme naïf. C'est une confiance profonde que Dieu agit dans l’histoire et dans nos vies, même lorsque tout semble obscur.
2. Les signes des temps : appel à la vigilance
Dans l'Évangile, Jésus nous parle avec des mots forts : « Redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. »
Ces paroles résonnent comme une invitation à ne pas céder à la peur ou à la passivité, même au milieu des turbulences. Les images apocalyptiques que Jésus utilise – des signes dans le ciel et des angoisses sur la terre – sont là pour réveiller notre conscience et nous rappeler l'urgence de rester éveillés.
Nous vivons dans un monde où distractions, préoccupations et excès peuvent facilement étouffer notre relation avec Dieu. Aujourd’hui, beaucoup de « signes des temps » peuvent nous troubler : crises écologiques, conflits, inégalités… Ces réalités sont un appel à ne pas nous endormir dans la routine ou l’indifférence. Elles nous rappellent que nous avons une mission : celle d’être des témoins de l’espérance et de la paix. Et Jésus nous avertit : « Prenez garde que votre cœur ne s'alourdisse… restez éveillés et priez. »
Jésus nous demande de veiller et de prier pour ne pas nous laisser surprendre par ce jour. Veiller, c'est vivre chaque jour en présence de Dieu, en restant fidèle à l'amour et à la justice. Veiller, c'est avoir un cœur disponible, prêt à accueillir le Seigneur à chaque instant. Cela demande une discipline spirituelle : la prière, la méditation de la Parole de Dieu, et une attention envers les besoins de nos frères et sœurs.
3. L'amour comme chemin de préparation
Saint Paul, dans la deuxième lecture, donne un conseil pratique pour cette attente active : « Que le Seigneur vous fasse grandir et abonder dans l'amour les uns envers les autres. »
L'amour est le véritable chemin pour nous préparer à la venue du Christ. Aimer, c'est faire grandir en nous et autour de nous les signes du Royaume de Dieu. À travers nos gestes d'attention, de pardon, de solidarité et de générosité, nous anticipons déjà la lumière de la venue du Sauveur. Cette croissance dans l'amour est le meilleur moyen de nous préparer à la venue du Seigneur. Aimer, c’est devenir semblable à Dieu, qui est Amour.
Cet amour ne se vit pas seulement à Noël, mais tout au long de notre vie. Le temps de l'Avent est une période privilégiée pour demander au Seigneur de renouveler en nous un cœur aimant et attentif.
En ce début d’Avent, posons-nous une question : comment puis-je vivre ce temps comme une véritable préparation ? Peut-être en prenant un moment chaque jour pour prier et méditer la Parole de Dieu. Peut-être en simplifiant ma vie pour laisser plus de place à l'essentiel. Peut-être en cherchant des moyens concrets d'aimer davantage autour de moi.
Le Seigneur vient, et il vient pour nous sauver. Préparons nos cœurs pour l’accueillir, non avec peur ou inquiétude, mais avec joie et espérance.
Chers frères et sœurs, le temps de l’Avent est un cadeau. C'est l'occasion de réorienter nos vies vers le Seigneur, de nous recentrer sur ce qui compte vraiment. Que retenir pour ce premier dimanche de l'Avent ? Trois attitudes peuvent nous guider :
1. L'espérance : croire que Dieu accomplit ses promesses, même au cœur des épreuves.
2. La vigilance : rester éveillés, ouverts à la présence de Dieu dans notre vie.
3. L'amour : préparer la venue du Christ en vivant la charité au quotidien.
Alors, en ce début d'Avent, levons les yeux et relevons la tête, car notre salut est proche. Que ce temps d'attente nous transforme et nous rapproche de Celui qui vient pour nous sauver.
Que la Vierge Marie, qui a attendu dans la foi et l’espérance la venue du Sauveur, nous accompagne dans ce temps d’Avent. Levons la tête, car notre rédemption est proche !
Amen.
Père Aimé
01 12 2024
2ème avent C
En ce 2ème dimanche de la marche vers Noël, relisons ce passage d'évangile qui cite le prophète Isaïe : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées… et tout être vivant verra le salut de Dieu.
Voici un texte on ne peut plus actuel : Voix de celui qui crie dans le désert… Inutile de dire que c'est bien à nous que cela peut s'adresser aujourd'hui, dans un monde occidental plus éloigné du Créateur qu'il ne l'a jamais été, avec cette parole de Dieu inconnue pour beaucoup…
Préparez le chemin du Seigneur… ce terme du chemin est central dans notre foi chrétienne : « Je suis le chemin » nous dira le Christ ; « Pour aller où je vais, vous savez le chemin » dira t-il à Thomas… Mais avant de préparer le chemin du Seigneur, encore faut-il être certain d'être nous-mêmes sur ce chemin. Frères et sœurs, sommes-nous sûrs d'être sur un chemin, ou pensons nous plutôt, comme tant d'autres, que nous sommes fruits du hasard, un hasard qui provient lui-même d'un hasard puis d'un autre hasard, et qui se perd dans la buée de notre intelligence.
Chemin ou hasard ? Qu'est ce qui nous parle le mieux ? Qu'est ce qui fait le plus sens ? Qu'est ce qui permet une meilleure explication de l'homme ? Qu'est ce qui permet de mieux expliquer notre raison d'être et de mieux transmettre ? Le hasard est-il digne de confiance ? Un chemin va toujours quelque part ; toujours. Et pour qu'il mène vers le Seigneur, encore faut-il lui préparer ce chemin pour qu'il advienne. Générations après générations il faut le préparer ce chemin, le rendre droit. La foi se transmet et il ne nous faut pas faillir. Ainsi, la fête de Noël qui se profile pourra prendre tout son sens.
Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées. En ce début de XXIème siècle nous sommes cernés par les ravins, que dis-je, les précipices qui semblent nous cerner : démographie en certains espaces incontrôlée ; ressources finies dans un monde fini et dont on commence à en voir le bout ; climat qui part à la dérive et dont il nous est impossible de revenir en arrière ou difficile d'en actionner les freins. Tout cela, ce sont des montagnes à aplanir, avec des moyens qui nous semblent hors de portée. Hors de portée… si nos ôtons la confiance au Dieu créateur. Mais si nous respectons la création qu'il a mise sous nos pieds, si nous suivons son évangile qui nous dit tout de la vie, tout de l'homme et tout de notre comportement adulte et responsable, alors les ravins pourront se combler et les montagnes s'abaisser. Dans le concert des nations, il est révélateur que seul le pape François donne un discours audible sur l'ensemble de ces questions fondamentales.
Frères et sœurs, prenons confiance avec cette introduction entendue dans la 1ère lecture : Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère, et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours… Oui, la Gloire de Dieu elle est justement là, et à notre portée. Dieu nous donne les moyens dont nous avons besoin pour le suivre, lui et son évangile. Dans ce monde où le ciel paraît tout gris, l'évangile vient nous ouvrir un coin de ciel bleu. Si au cours des dimanches de l'Avent, la lumière va se faire plus intense pour nous montrer Noël, notre ciel deviendra lui aussi d'un bleu d'azur si nous donnons notre confiance au Seigneur.
Oui, viens Seigneur Jésus, viens sauveur des païens que nous sommes, viens aplanir nos montagnes des soucis de la vie, viens combler les fossés de nos peurs, viens dans cette crèche pauvre et minable pour nous dire que Dieu sait nous rejoindre dans nos humanités les plus profondes. Oui Seigneur, viens, nous t'attendons !
Thierry Merle, Diacre
08 12 2024
HOMELIE DU 3e DIMANCHE DE L'AVENT C
Les lectures bibliques de ce dimanche nous annoncent une bonne nouvelle.
Il n'y a qu'à sortir pour réaliser que notre monde de consommation nous invite déjà à célébrer Noël à travers des achats. Mais il ne suffit pas de mettre un beau sapin et de belles lumières pour manifester cette joie de Noel, car la vraie joie, celle qui vient de Dieu, est infiniment plus profonde. Elle s'approfondit dans la prière et la patience du temps de l'Avent que nous devons vivre entièrement sans compromis ni compromission. Bref, cette joie est le signe de l'espérance en chaque chrétien.
C'est ce message que nous trouvons dans le livre du prophète Sophonie (première lecture). Il s'adresse à un peuple démoralisé qui se traîne à travers le désert. Le prophète adresse des paroles très fortes : « Pousse des cris de joie… Réjouis-toi… Bondis de joie ». La raison de cette joie c'est la présence de Dieu au milieu de son peuple. Cette annonce de Sophonie est révélatrice pour nous car elle contient déjà le motif de joie de l'évènement que nous nous préparons à vivre : l'Emmanuel, Dieu avec nous. C'est donc encore et toujours la même présence de Dieu au milieu de son peuple qui est célébrée.
C'est aussi cet appel à la joie que nous trouvons dans la lettre de saint Paul aux Philippiens dans la 2e lecture. Au moment où il écrit cette lettre, Paul est en prison. Mais il sait que rien ne peut le séparer de l'amour qui est en Dieu. D'où l'invitation pressante qu'il nous lance à vivre joyeux et pleins d'espérance.
Toutefois, c'est finalement saint Luc dans l'Évangile qui nous indique le chemin qui mène à cette joie profonde. Ce chemin, c'est celui qu'empruntent les foules nombreuses et variées, et qui les conduit jusqu'au désert, à la rencontre de Jean-Baptiste. Au bout de leur démarche, une seule question résonne à travers le texte : « Que devons-nous faire ? » Cette question, nous devons nous aussi nous la poser. Oui, si nous voulons vraiment accueillir l'Emmanuel, nous ne pouvons pas nous contenter de belles paroles. Car déjà, au quotidien, quand on se prépare à accueillir un personnage important, on fait tout ce qu'il faut pour qu'il soit bien reçu. Bien plus, Celui qui est annoncé par Jean-Baptiste est infiniment plus important : c'est le Sauveur, “Dieu avec nous”. Alors que devons-nous faire ?
Remarquons déjà qu'il ne s'agit pas de savoir ce que les autres doivent faire (ce que mon époux doit faire, ce que mes enfants doivent faire, Ou encore ce que l'Église doit faire, etc.). Non. Qu'est-ce que « nous » devons faire ensemble ?
Il ne s’agit pas non plus de savoir ce que nous devons penser ou ce que nous devons croire. Juste que devons-nous faire ?
Eh bien justement à travers la réponse de Jean, nous comprenons finalement que nous ne devons rien faire car nous devons plutôt nous laisser faire !
En effet, lors des Journées Mondiales de la Jeunesse de l’an 2000, saint Jean Paul II, citant sainte Catherine de Sienne, disait aux jeunes : « Si vous êtes ce que vous devez être, vous mettrez le feu au monde ».
Frères et sœurs, c'est de ce feu que nous devons brûler, c'est Lui que nous devons laisser faire dans notre vie si nous voulons être productifs. La conversion, c'est accepter de se mettre à l'écoute de l'Esprit Saint qui éclaire notre conscience et guide nos actions. Le moteur de la charité, c'est l'Esprit Saint Lui-même qui rejoint chacun dans son état de vie et lui révèle la volonté de Dieu, comme le fait Jean-Baptiste pour chaque catégorie sociale dans l'Evangile. C'est d'ailleurs ce même feu qu'il annonce en désignant Jésus qui Seul nous accorde ce second baptême dans Son Esprit. Ce feu, nous y avons tous été plongés le jour de notre baptême, mais par le péché, nous le laissons sommeiller en nous…
Aujourd'hui, les signes des temps ne sont guère plus favorables qu'au temps de Sophonie, de Paul ou de Jean Baptiste. Spécialement pour ceux qui vivent dans l'angoisse et subissent toutes sortes d'épreuves. Même la joie de croire est devenue un véritable défi, et les témoignages de Sophonie ou de Paul paraissent insuffisants à nous faire espérer.
Et pourtant, c'est au cœur de ce monde de froideur et en perdition que le Baptiste nous invite à brûler du feu de l'Esprit-Saint qui éclaire les consciences et réchauffe les cœurs. Jean ne donne pas une liste exhaustive d'actions à mener, mais au moins avec lui, nous découvrons que l'urgence de la conversion est universelle, car c'est en se convertissant que « tout homme verra le salut de Dieu ».
Prions donc mes frères, mes sœurs, afin que cette Eucharistie de la Joie affermisse notre foi, consolide notre espérance et rende inventive notre charité !
Père Paul KONKOBO
15 12 2024
Homélie du 4ème dimanche de l'Avent Année C
Depuis quatre semaines, nous contemplons les bienfaits de l'action de Dieu envers notre humanité. Nous constatons de semaine en semaine que Dieu est toujours à l'œuvre dans nos vies. Ce dernier dimanche de l'avent nous permet de dire que Dieu tient sa promesse, il est de plus en plus proche de notre monde, il vient jusqu'à nous, il prend un corps semblable au nôtre et il nait d'une femme.
Les parents qui attendent un enfant se demandent quel nom ils lui donneront. Le garçon ou la fille qui va naître portera toute sa vie le nom que sa famille aura choisi avec amour. Le nom ou prénom que Jésus porte dit et trace déjà sa mission.
Dans l'évangile de ce dimanche, on sent chez Marie une urgence, celle de communiquer la bonne nouvelle : elle portait en son sein le plus beau cadeau de Dieu à l'humanité, le Christ sauveur, la lumière du monde, le « soleil levant qui vient visiter ceux qui gisent dans les ténèbres de la mort ». Marie entra donc dans la maison et salua sa cousine Elisabeth. Par sa visite, Marie inonde de bonheur la vie et le cœur d'Elisabeth, elle fait même danser de joie l'autre enfant, Jean, dans le sein de sa mère.
Alors, Elisabeth s'exclame : « Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon seigneur vienne jusqu'à moi ? » L'histoire de notre salut depuis lors est jalonnée de ces visitations. « Heureuses celles et ceux qui ont cru… » Oui, merveilleux mystère de la visitation !
Une « visitation » qu'est-ce que cela signifie ? C'est Dieu qui entre dans notre vie, c'est Dieu qui nous touche par la présence de quelqu'un qu'il nous envoie et dont la visite change la couleur de notre vie… Voilà deux mères : elles s'accueillent comme un cadeau, se regardent et s'embrassent ; elles s'écoutent, s'admirent et se partagent leur joie de croire à l'impossible et de donner la vie à deux enfants dont le plus jeune va changer le monde. Et oui, Dieu est là ! et là, où la vie jaillit, là ou elle renait et reprend espoir, on trouve des femmes, des mères, on trouve Marie.
Et cela se passe non pas au temple où à l'Eglise, mais chez Vous, autour d'un café ou d'une tarte… d'un bon repas.
Noel, c'est Dieu qui vient nous visiter et habiter chez nous. A nous d'accueillir ce bonheur pour nous et, ensuite, de le porter aux autres. Puissions-nous, comme Marie, accueillir Jésus en nos cœurs, en nos corps à l'occasion de Noel. Accueillir Dieu en nous, c'est aussi l'accueillir à travers ceux et celles qu'il nous permet de croiser sur nos routes humaines. Alors, heureux, heureuses serons-nous de croire en ceux et celles qui nous parlent du sauveur. Amen.
Père Armand
22-12-2024